Connect with us
Personne d'affaires signant un document dans un bureau lumineux

Rupture conventionnelle et chômage : conditions et indemnités

Un salarié quittant son poste via une rupture conventionnelle conserve le droit à l’allocation chômage, sous réserve de remplir certaines conditions. Ce dispositif, créé en 2008, ne s’applique pas uniformément à tous : quelques restrictions subsistent selon le statut ou l’ancienneté.

L’indemnité spécifique versée dans ce cadre ne peut être inférieure à l’indemnité légale de licenciement, mais son montant réel varie selon les accords conclus. Les démarches administratives impliquent des délais précis et l’accord des deux parties, sans lesquels aucune allocation ne sera versée.

Comprendre la rupture conventionnelle : droits et spécificités

La rupture conventionnelle occupe une place à part dans le paysage du droit du travail français. C’est le seul dispositif qui permet à un salarié en CDI et à son employeur de mettre fin d’un commun accord à la relation contractuelle, sans qu’il y ait de faute ou de motif économique à l’origine du départ. Depuis 2008, cette procédure s’adresse uniquement au secteur privé ainsi qu’aux fonctionnaires en CDI. Impossible d’y recourir pour les CDD ou pour les agents titulaires de la fonction publique.

Ce n’est pas une formalité anodine : l’accord doit être matérialisé par une convention signée après au moins un entretien obligatoire. Les échanges ménagent la liberté de chaque partie et bannissent toute pression, faute de quoi la convention pourrait être annulée. Une fois la convention signée, rien n’est encore acquis : il faut attendre l’homologation de la Dreets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), après un délai de rétractation de 15 jours calendaires. Sans cette étape, la rupture ne produit aucun effet juridique.

Voici comment se déclinent les formes possibles de rupture conventionnelle :

  • La rupture conventionnelle individuelle vise un seul salarié, avec un accord personnalisé.
  • La rupture conventionnelle collective repose sur un accord majoritaire et permet d’organiser des départs volontaires groupés.

Le code du travail encadre rigoureusement le processus. La convention détaille la date de fin du contrat et fixe le montant de l’indemnité spécifique, qui dépend à la fois de l’ancienneté et du salaire. Cette marge de négociation ne dispense pas de vigilance : la moindre erreur de procédure peut entraîner un contentieux devant le conseil de prud’hommes.

Ce mode de rupture ouvre la voie à l’allocation chômage, sous réserve de remplir les exigences fixées par France Travail. Alors que la démission ferme la porte à une indemnisation, la rupture conventionnelle, elle, allie souplesse contractuelle et protection sociale. Un équilibre surveillé de près par l’administration et les juges.

Quelles conditions pour bénéficier du chômage après une rupture conventionnelle ?

En cas de rupture conventionnelle, l’accès à l’allocation chômage (ARE) n’a rien d’automatique. Il repose sur plusieurs critères qui traduisent une logique contributive et une démarche active de la part du salarié. Premier point de passage : avoir suffisamment travaillé. Depuis février 2023, il faut justifier d’au moins 130 jours ou 910 heures de travail, soit environ six mois, au cours des vingt-quatre derniers mois (ou trente-six pour les plus de 53 ans).

Le salarié doit ensuite s’inscrire sans tarder comme demandeur d’emploi auprès de France Travail et élaborer un projet personnalisé d’accès à l’emploi (PPAE). Ce document détaille engagements, droits à la formation et modalités d’accompagnement. L’âge intervient aussi dans la durée d’indemnisation : le versement cesse dès que le salarié atteint l’âge du taux plein pour la retraite.

Pour résumer les conditions à remplir, voici les points de vigilance :

  • Travail effectif : avoir travaillé au moins six mois sur la période de référence.
  • Inscription à France Travail : indispensable pour ouvrir le droit à l’ARE.
  • Respect du PPAE : une condition pour ne pas perdre son indemnisation.
  • Non-cumul avec la retraite : l’indemnité s’arrête dès l’âge légal de départ.

Il convient de noter que la rupture conventionnelle ne donne pas accès à toutes les garanties de prévoyance. L’assurance perte d’emploi liée à un crédit immobilier, par exemple, reste souvent hors de portée. Ici, le dispositif se concentre sur le régime général d’indemnisation et sur le lien strict entre contrat de travail, perte involontaire d’emploi et ouverture des droits au chômage.

Indemnités : à quoi pouvez-vous prétendre et comment les calculer ?

Avec la rupture conventionnelle, le versement d’une indemnité spécifique est encadré par la loi. Cette somme ne peut jamais être inférieure à l’indemnité légale de licenciement, dont le calcul prend en compte l’ancienneté et le salaire brut. Le minimum ? Un quart de mois de salaire par année d’ancienneté jusqu’à dix ans, puis un tiers pour chaque année supplémentaire. Mais la convention collective ou le contrat de travail peuvent prévoir plus.

Voici les différentes formes d’indemnisation qui peuvent entrer en jeu :

  • Indemnité légale : le plancher fixé par le code du travail, basé sur l’ancienneté et le salaire de référence.
  • Indemnité conventionnelle : si plus favorable, elle s’applique à la place de la légale.
  • Indemnité supra-légale : négociée entre salarié et employeur, elle vient s’ajouter aux montants minimums.

À distinguer de cette indemnité : la compensation des congés payés non pris, qui s’ajoute si le salarié n’a pas utilisé tous ses jours de congé à la date de la rupture. Attention, l’ensemble des sommes perçues peut entraîner un différé d’indemnisation au chômage. Autrement dit, le versement de l’allocation sera repoussé selon la nature et le montant de l’indemnité, en respectant des coefficients réglementaires (par exemple, 107,9 en 2024 pour l’indemnité supra-légale).

Le calcul, souvent technique, s’établit sur la base du salaire brut moyen des douze derniers mois précédant la rupture. Certaines conventions collectives prévoient des méthodes différentes ou des formules particulières. La négociation individuelle reste possible, mais le respect du minimum légal est impératif pour tous.

Jeune travaillant à domicile avec un document et un café

Anticiper les démarches et les délais pour sécuriser votre dossier

La date de signature de la convention de rupture marque le véritable démarrage de la procédure. Les deux parties doivent parapher le document, en étant d’accord sur chaque modalité. Juste après, s’ouvre un délais de rétractation de 15 jours calendaires. Chacun peut revenir sur sa décision, sans justification à fournir.

La suite se déroule en ligne : la demande d’homologation s’effectue via le service TéléRC, auprès de l’administration du travail. À partir de la réception, l’administration dispose de 15 jours ouvrables pour répondre. En l’absence de retour, l’homologation est considérée comme acquise. Cette validation administrative est incontournable : sans elle, la rupture n’a pas de valeur juridique.

Sur le plan pratique, la chronologie s’accélère. Dès notification de la rupture, le salarié dispose de 12 mois pour s’enregistrer auprès de France Travail et activer ses droits à l’allocation chômage. Le dossier doit prendre en compte plusieurs délais de carence : 7 jours systématiques, auxquels s’additionne un différé d’indemnisation lié aux congés payés non pris (dans la limite de 30 jours), et éventuellement un différé spécifique pour l’indemnité supra-légale (calculé en divisant le montant perçu par le coefficient 107,9 en 2024, plafonné à 150 jours).

Chaque étape, chaque échéance compte. Le moindre écart ou oubli dans ce calendrier peut repousser sérieusement le versement des droits. Mieux vaut donc anticiper, préparer son dossier avec rigueur et suivre chaque étape pour éviter les mauvaises surprises. Quitter un CDI par rupture conventionnelle, ce n’est pas juste tourner la page : c’est aussi maîtriser le tempo pour que la transition se fasse sans accroc.

NOS DERNIERS ARTICLES
Newsletter

VOUS POURRIEZ AIMER